Nous avons tous bénéficié de l’entraide des uns et des autres, pour progresser ensemble

Rencontre avec Matthieu Berlioz-Arthaud, ancien élève en BTS au Lycée Costa de Beauregard du CNEAP, à Chambéry.

le Jeudi 11 mars 2021

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Bonjour Matthieu,

 

Tu as quitté le Bocage en 2017.

Avant de nous raconter ce que tu es devenu, peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs ?

 

Matthieu: Après un Bac général à Saint Ambroise, en ES, j’ai tenté la fac de droit, mais ce n’est pas ce que je voulais vraiment faire. J’ai pris un temps de réflexion qui m’a permis de trouver une voie : l’horticulture, dans laquelle je pourrai être amené à réfléchir, innover et trouver plusieurs débouchés, avec de larges horizons. J’ai suivi un BTS Production Horticole au Lycée Costa de Beauregard, puis j’ai passé les concours pour poursuivre mes études en école d’ingénieur. Pour y prétendre, il faut compléter son dossier et une lettre de motivation, réussir l’épreuve écrite de culture générale et scientifique ainsi que le test d’anglais. J’étais admissible à l’Agro Campus Ouest d’Angers. Il me restait à passer l’entretien individuel pour entrer en formation, en apprentissage, sur 3 ans. Ce que j’ai fait !

 

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Matthieu : A 24 ans, je travaille comme ingénieur de projets au Domaine de Chapelan, sur l’Ile de la Chèvre au sud de Lyon. Le Domaine de Chapelan est une pépinière de 20 hectares de conteneurs hors sol qui délivre principalement les jardineries. A cause de la révision du plan local d’urbanisme (PLU), la pépinière est menacée d’expulsion, mais normalement, d’ici la fin de l’année, nous aurons déménagé sur un nouveau site de même dimension, près de l’aéroport de Saint-Exupéry, à l’est de Lyon.

 

J’ai rejoint cette entreprise il y a 4 ans pour y faire mon alternance. Parti de la base du métier, j’ai petit à petit évolué dans l’entreprise, pour intégrer tous les processus. J’ai commencé ma première année à la production, sur de la multiplication de jeunes plans, de la préparation de commande. Avec le temps, j’ai commencé à manager des saisonniers. A la fin de cette première année, j’ai pu travailler sur l’irrigation de la pépinière : gestion du tour d’arrosage, choix du matériel, utilisation de sondes tensiométriques, etc... La deuxième année, j’ai continué à évoluer. Je suis passé chef d’équipe. On m’a initié à la conduite de culture et à la gestion climatique sous serre. Je suis ensuite parti 2 mois au Royaume-Uni, en stage chez Hillier, une grande marque de jardinerie Anglaise. Là-bas, j’ai été affecté à la partie production, dans une pépinière qui produit principalement des vivaces. J’ai pu y découvrir la passion que vouent les anglais pour les jardins d’exception ! A mon retour, j'ai repris une expérimentation au Domaine de Chapelan sur les alternatives à l’écorce de pin maritime en tant que paillage, c’était le sujet de mon deuxième rapport de stage.

Pour ma dernière année d’apprentissage, j’ai basculé à temps plein sur le projet de déménagement de l’entreprise. J’ai commencé à réfléchir aux choix techniques, à l’organisation sur le futur site et à l’impact du déménagement sur l’entreprise ! Dans mon mémoire de fin d’étude, j’ai créé une méthode d’analyse multicritère qui permet de simuler l’impact des choix techniques sur l’entreprise et le système de culture. Après mon apprentissage, j’ai été embauché au domaine de Chapelan pour continuer à gérer le déménagement !

 

Pourquoi es-tu resté sur la région?

Matthieu : Ma famille vit en Savoie. Je ne voulais pas être trop loin d’eux lorsque j’ai fait mes études et comme je suis resté dans l’entreprise de mon apprentissage, je suis resté dans ma région. Néanmoins, je pense que les jeunes doivent bouger au maximum dans leurs années d’étudiants pour voir différentes choses, surtout que les structures aident souvent à trouver un logement!

 

Quelles sont tes missions?

Matthieu : Actuellement, je suis un peu loin du terrain… mais je vais y revenir une fois la phase pré-projet terminée.

Une grande partie de mon temps est consacrée à l’organisation du chantier, en collaboration avec les architectes et les bureaux d’études. Je dois aussi m’occuper des choix techniques et de toute la partie innovation. En parallèle, j’anime beaucoup de groupes de travail avec les salariés pour essayer de diagnostiquer leurs problèmes au quotidien et leur fournir une solution adaptée. Par ailleurs, je dois m’occuper des devis, des relations fournisseurs et des réunions administratives. A côté de ce projet, il me reste 20% de temps que je consacre à la partie R&D. En ce moment, je travaille sur le substrat sans tourbe. J’ai monté une expérimentation avec le RATHO pour cela et mon deuxième sujet d'étude porte sur l’impact des plastiques de serre sur la croissance des plantes !

A partir du mois de juillet, je serai sur le terrain pour préparer le chantier et notre installation. Les deux prochaines années seront consacrées aux réajustements.

 

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?

 

Matthieu : Ici, ce qui me plait, c’est l’ambiance ! On est 35 salariés permanents. En saison, deux fois plus! Au fur et à mesure du temps je me rends compte que l’ambiance est primordiale pour rester motivé ! J’ai beaucoup de chance d’avoir un patron très ouvert, qui a confiance en moi et me laisse libre de gérer mon temps. C’est très stimulant.

 

Comment as-tu connu le lycée Costa de Beauregard?

 

Matthieu : Habitant Chambéry, je connaissais ce lycée. Mes grands-parents tenaient une exploitation du coup, même si j’ai un Bac Général, je n’étais pas complètement étranger au monde agricole. De plus, dans notre classe, il y avait une bonne complémentarité entre ceux qui venaient du général et ceux qui avaient suivi un Bac Pro. Nous avons tous bénéficié de l’entraide des uns et des autres selon les matières, pour progresser tous ensemble.

 

Je trouve que notre métier est noble car il embellit la vie des gens !

Vers quelle spécialisation t'es-tu orienté?

 

Matthieu : J’ai choisi la filière horticole pour la variété des débouchés et la polyvalence des métiers. J’aime le contact avec l’extérieur et les gens. J’ai la fibre végétale. Je suis un passionné de reco ! J’ai d’ailleurs gagné le concours de reconnaissance quand j’étais élève au Lycée, c’est d’ailleurs comme cela que je suis entré en lien avec le Domaine de Chapelan. Le directeur faisait partie du jury !

J’aime les plantes ornementales car ce sont elles qui embellissent notre quotidien et qui apaisent les gens.

 

Où as-tu fait tes stages?

 

Matthieu :J’ai fait un stage chez Vuillermet et un autre à l’étranger, chez Perk Groën en Hollande, dans une pépinière spécialisée dans les bambous, les graminées et les plantes exotiques sur le conseil de Madame de Saint-Phalle et à l’expérience d’autres étudiants partis là-bas.

 

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Matthieu : J’ai beaucoup apprécié l’accessibilité des enseignants, l’ambiance et la dimension du lycée à taille humaine.

 

Que t'a apporté le lycée?

 

Matthieu : Le lycée m’a apporté de bonnes connaissances en reco et en technique agricole qui m’ont servies en école d’ingénieur. En revanche, il m’a manqué des bases scientifiques en biologie et physique chimie.

L'apprentissage est une formation accélérée, un tremplin pour la vie active !

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Matthieu : Vous êtes les acteurs de demain. C’est à nous de reprendre la suite, de créer, d’être innovant sur tout ce qui est pratique culturale irrigation, phyto… Pour ceux qui souhaitent poursuivre, je recommande aussi de choisir de continuer les études en apprentissage ! Si hier, en France, c’était la voie de secours, elle est pour moi devenue la voie royale car elle permet d’allier pratique et théorie. En Allemagne, c’est la voie de l’excellence ! Elle permet, selon moi, de mettre un pied dans la vie active pas à pas. On gagne plus vite en maturité, même si cela représente plus de défis et de contraintes. C’est une formation accélérée, un tremplin pour la vie active !

 

Quelle est ta plante préférée?

 

Matthieu : Le Calycanthus, un arbuste parfumé avec ses anémones, originaire d’Amérique.

 

Un grand merci Matthieu pour ce temps accordé dans ton contre la montre de déménagement.

Bon courage et au plaisir de connaitre la suite de tes expérimentations!

 

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